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mardi 7 février 2012

L’indépendance de Madagascar

Philibert TSIRANANA, le père de l'indépendance de Madagascar
La Marche vers l'indépendance de Madagascar
Après la suppression du parti MDRM par l’autorité coloniale et l’exil en France de ses trois leaders (Joseph Ravohangy, Joseph Raseta et Jacques Rabemananjara), un homme, Philibert Tsiranana, grâce à son charisme, a su s’imposer comme l’homme clé de la marche vers l’indépendance de Madagascar. L’élimination du parti MDRM de l’échiquier politique malgache ne signifie pas l’élimination de tous ses cadres ni celle de tous les nationalistes malgaches qui affirment lutter pour l’indépendance. Sauf que, au vu de la circonstance, tant sur le plan intérieur que sur la scène internationale, ceux qui prétendaient être « les héritiers » du MDRM n’ont pas su appliquer la subtilité et l’intelligence politique qui faisaient jadis (avec le trio de tête) la force de ce parti. Au lieu de jouer la modération, ils ont emprunté la ligne dure du mouvement. Ce qui condamne leur action à l’échec car leur message passe mal auprès de l’opinion publique malgache.
Au contraire, Philibert Tsiranana, pourtant une personne qui fut un temps membre du Padesm (parti désigné comme étant anti-MDRM), ancien du SFIO, ancien de la force politique « Nouvelle Action madécasse », se révèle être la personne qui sait le mieux porter les « messages » fédérateurs habituellement tenus par le MDRM.
Avec le parti PSD (Parti social démocrate, englobant alors Madagascar et les Comores et affilié à SFIO : section française de l’internationale ouvrière, l’ancêtre du parti socialiste français) qu’il a crée le 28 décembre 1956, Il fonde sa politique sur trois piliers : (1) La revendication indépendantiste, (2) la recherche de l’unité nationale, et (3) l’amitié avec la France. Ce qui renforce fortement sa popularité dans tout le territoire de Madagascar.
Aux élections législatives de janvier 1956, il a même séduit le parti FNM (Front national Malgache) dirigé par des cadres Merina, anciens membres du MDRM, et il est élu triomphalement député dans la circonscription de Mahajanga (côte Ouest de Madagascar).
Aussitôt élu, et en mars 1956, il affirme l’insatisfaction des malgaches pour « l’union française » et demande à la France coloniale l’abrogation de la loi d’annexion d’août 1896. Lors du référendum du 28 septembre 1958 relatif à l’intégration de Madagascar à la communauté française (la seule voie légale permettant à Madagascar d’accéder à l’indépendance), Philibert Tsiranana mène campagne en faveur du « Oui » pendant que l’UPM (L’union des populations malgaches), un parti qui se dit issu également des branches tananariviennes du MDRM (mais plutôt de l’aile dure), roule pour le « Non ». Le « Oui » l’emporte largement avec 77% des voix. Cette victoire du « Oui » réconforte la position de Philibert Tsiranana et le pousser à exiger l’abrogation de la loi d’annexion du mois d’août 1896 ainsi que l’érection d’une République autonome de Madagascar. Autrement dit, quelques uns des objectifs principaux du MDRM.
Pour mettre toutes ses chances de son côté afin de pouvoir faire aboutir cette quête de l’indépendance nationale, Philibert Tsiranana et ses alliés politiques instaurent « la République autonome malgache » lors du Congrès des conseillers provinciaux qui s’est tenu à Toamasina le 14 octobre 1958. Il devient, d’ailleurs, le Premier ministre provisoire. Le lendemain, la France, mis devant le fait accompli, ne peut que constater la caducité de la loi d’annexion de 1896.
Deux jours plus tard, le 16 octobre 1958, le Congrès élit au scrutin de liste majoritaire par province une Assemblée constituante composée de 90 membres. Fâchés d’avoir été mis en minorité par ce mode de scrutin, l’UPM, le FNM et l’Associations des amis des paysans (des partis implantés essentiellement dans la seule province d’Antananarivo) fusionnent le 19 octobre 1958 pour créer l’AKFM (Parti du Congrès pour l’indépendance de Madagascar). Ce nouveau parti, dirigé par le pasteur Richard Andriamanjato est soviétophile et devient le principal opposant au gouvernement.
L’Assemblée constituante adopte une constitution, s’imprégnant beaucoup des institutions de la 5ème République française mais avec quelques caractéristiques propres (un président et un vice-président, des provinces dotées de conseils provinciaux jouissant d’une certaine autonomie etc.), élaborée par le gouvernement le 29 avril 1959. L’objectif étant de mettre toujours plus de pression sur l’autorité coloniale pour que l’indépendance soit acquise.
 Le 1er mai 1959, un Collège de grands électeurs est constitué, comprenant le parlement, les conseillers provinciaux ainsi que des délégués des communes, pour élire le président de la République malgache. Quatre candidats sont en lice : Philibert Tsiranana, Basile Razafindrakoto, Propser Rajoelson et Maurice Crumer. Sur les 114 suffrages exprimés, Philibert Tsiranana, sans surprises obtient 113 voix et élu président de la République malgache. Avec ce pouvoir accru, Philibert Tsiranana s’impose auprès du Général de Gaulle pour obtenir la souveraineté nationale de Madagascar.

En février 1960, une délégation malgache dirigée par André Resampy se rend à Paris pour négocier les transferts de compétences. Philibert Tsiranana a beaucoup insisté pour que tous les représentants des forces vives nationales malgaches soient représentés au sein de la délégation afin d’influencer la négociation en faveur de l’intérêt national malgache. Seul l’AKFM refuse. Le 02 avril 1960, les accords franco-malgaches sont signés entre le premier ministre français Michel Debré et le président malgache, Philibert Tsiranana. Le 04 juin, le parlement malgache adopte à l’unanimité ces Accords. Le 26 juin 1960, Madagascar devient indépendant. L’indépendance de Madagascar est donc ainsi obtenue grâce aux concours exceptionnels de presque toutes les forces vives de la Nation malgache bien que les démarches pacifiques suivies étaient loin d’être celles qui sont les plus faciles.

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